Lutte des classes ? Vous avez dit lutte des classes ?

Texte d’analyse adopté par le Conseil National Syndical en octobre 2025

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CSN de U-LDC
ANALYSESTexte adopté

La place de la guerre des classes semble avoir nettement diminué, voire s’être progressivement effacé de l’imaginaire populaire, ainsi que des discours politiques et syndicaux ; pourtant cette guerre des classes est toujours aussi violente. L’émergence d’une classe technocratique intermédiaire, la lente érosion d’une classe ouvrière consciente de son appartenance et de ses intérêts communs, l’intégration du discours dominant qui dit que chacun·e est responsable de lui ou d’elle-même et la multiplicité des luttes sociétales pourraient expliquer cette disparition relative.

Cette lutte de classes reste présente dans le quotidien des luttes et l’expression « lutte de classes » est de nouveau utilisée dans certains discours et sur le terrain.

La difficulté que nous rencontrons alors est comment prendre conscience de la classe à laquelle nous appartenons, avec laquelle nous avons tout en commun, et surtout prendre conscience de celle à laquelle nous n’appartenons pas et que nous combattons de toutes nos forces collectives.

Ce n’est pas si simple, comme nous pouvons le constater quand nous abordons cette question.

Pourtant c’est cette conscience de classe qui permet le rapport de force et donne la force de se battre. Ce rapport de force nécessaire se construit à la base.

La lutte des classes aujourd’hui c’est aussi se battre avec celles et ceux qui s’organisent en dehors des sphères de pouvoirs politiques ou syndicaux et qui débordent en révoltes. C’est remettre les mains dans le cambouis du syndicalisme révolutionnaire, de l’auto-organisation et de l’émancipation.

En quoi la lutte des classes peut-elle nous servir concrètement dans la société qui est la nôtre maintenant ? La lutte des classes oppose la liberté à l’aliénation, la réappropriation à la dépossession, l’émancipation à l’exploitation.

Elle pourrait se définir comme l’union des personnes qui travaillent, qui vont travailler ou ont travaillé, qui sont dépossédées, exploitées, aliénées par une classe qui accapare l’argent, les terres, les pouvoirs politiques, médiatiques, financiers, policiers, militaires et même culturels et intellectuels. Cette classe dominante a réussi le tour de force d’imposer ses propres valeurs, et le fonctionnement qui va avec, comme des évidences et elle sait récupérer toutes nos luttes quand cela l’arrange.

Quand nous prenons conscience de cette lutte des classes, nous nous rendons compte que nous sommes un très grand nombre d’humain·e·s à partager le même sort, et cela dans le monde entier. La lutte des classes nous permet d’entrevoir puis de réaliser le collectif, de politiser les misères individuelles, de faire le lien entre toutes les dominations, les oppressions et les exploitations.

Quelques IDÉES pour la lutte des classes de la maternelle à l’université :

  • renforcer les liens entre les différentes luttes dans le champ professionnel ;
  • aller à la rencontre des différents secteurs en lutte et créer des liens de solidarité ;
  • construire le rapport de force par des grèves massives reconductibles ;
  • rappeler que le rapport de force se construit à la base, qu’il vient du nombre prêt à agir, à combattre sans relâche ;
  • ne pas suivre l’agenda de la classe dominante, c’est à dire du gouvernement, mais anticiper la construction des luttes ;
  • s’approprier l’histoire des luttes.